FAIRMED sur place : Qu’est-ce qui t’a amenée il y a huit ans à quitter ton travail de pharmacienne et à te reconvertir dans la coopération au développement ?
Pendant des années, j’ai passé de longs séjours à Lombok, en Indonésie, jusqu’à ce que l’île devienne comme une deuxième maison. Les liens étroits que j’ai pu établir avec les habitants sur place m’ont beaucoup appris de leur réalité et montré à quel point leur cadre de vie diffère du nôtre ici, en Suisse. Puis un jour, j’ai eu envie de combiner les deux mondes et de contribuer à améliorer la vie des personnes laissées pour compte. C’est ainsi que je me suis lancée dans un Master of Advanced Studies in International Health (Master of Advanced Studies en santé internationale) à l’Institut tropical et de santé publique suisse, et que j’ai atterri dans la coopération au développement puis chez FAIRMED.
Et alors, après huit ans chez FAIRMED, que penses-tu de ta réorientation ?
Ce qui me plaisait dans mon travail en pharmacie, c’était le contact avec la clientèle, mais ce qui me manquait, c’était de pouvoir améliorer la santé des personnes sur le long terme, à un niveau systémique. Alors oui, je suis heureuse de m’être tournée vers la coopération au développement.
Quelles sont les précautions sanitaires à prendre quand on planifie un voyage en Inde ?
Quand on prévoit un long voyage dans un pays comme l’Inde, la question n’est pas de savoir si on va tomber malade, mais quand. C’est pourquoi je conseillerais de bien réfléchir à l’avance aux réflexes à avoir en cas de maladie et aux fournitures médicales à emporter (voir la liste des essentiels ci-après). Ce que je veille toujours à emporter notamment, ce sont des bouchons d’oreilles pour pouvoir dormir un peu. En effet, dans les villes indiennes, le niveau sonore est beaucoup plus élevé que celui auquel je suis habituée en Suisse, même la nuit. Et je prends toujours des en-cas d’urgence avec moi au cas où je suis amenée à sauter un repas à cause d’une réunion.
T’est-il déjà arrivé de tomber malade dans un pays comme l’Inde ?
Oh oui, à de nombreuses reprises ! Il n’est jamais amusant de tomber malade, mais selon le contexte, ça peut être plus ou moins difficile. Imaginez par exemple que vous ayez la diarrhée et que les seules toilettes à disposition soient un trou dans le sol sans eau courante ni électricité, ni lumière. C’est pourquoi je fais d’autant plus attention à ce que je mange et à ce que je bois, et à respecter une bonne hygiène.
Que ferais-tu si tu avais besoin de soins dans un tel pays ?
Chez FAIRMED, nous avons un partenariat avec une agence spécialisée. Nous pouvons lui faire appel partout dans le monde en cas d’urgence et elle s’occupe de tout. Mais de manière générale, je trouve qu’il est essentiel de bien s’organiser à l’avance. Quels sont les numéros d’urgence dans chaque pays ? Quels établissements médicaux sont à privilégier ? Quels sont les principaux risques et comment les prévenir au mieux ? Quels vaccins sont à faire avant le départ ? Ai-je besoin d’antipaludiques ?
Y a-t-il des choses que tu planifies spécialement à l’avance, telles que souscrire une couverture complémentaire auprès de ta caisse-maladie ou devenir membre de la Rega ?
Je suis membre de la Rega en tant que particulier et, selon le pays de destination, je vérifie la couverture des coûts auprès de ma caisse-maladie. Je veille également toujours, tant lors de mes voyages professionnels que privés, à tenir une personne de référence informée de mon itinéraire et à lui donner régulièrement des nouvelles. De plus, je me note les numéros importants et les garde séparément dans différentes poches, tout comme mon argent et mes cartes de crédit.
Qu’as-tu appris en Inde, en Indonésie et en République centrafricaine sur le traitement et la prévention des maladies ?
J’ai l’impression que dans ces pays, lorsque les habitants tombent malades, ils préfèrent souvent écouter les conseils de leurs semblables plutôt que ceux d’un professionnel de santé. Les plus démunis en particulier semblent penser que les médecins ne peuvent pas se mettre à leur place car ils n’ont aucune idée de ce que c’est qu’être pauvre. C’est pourquoi de nombreuses personnes préfèrent s’en remettre aux membres de leur communauté ou à des auxiliaires de santé locaux vivant dans des conditions similaires aux leurs, notamment les auxiliaires de santé FAIRMED ou les « mitanins », auxiliaires de santé bénévoles qui font du porte-à-porte pour le compte du gouvernement. Les personnes malades n’ont pas nécessairement besoin d’une médecine hightech. Ce qu’elles veulent avant tout, c’est se sentir comprises et entourées.
Qu’est-ce que la santé pour toi ?
Je partage la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) selon laquelle la santé ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité, mais dépend de nombreux facteurs. La santé est un état de complet bien-être, physique, mental et social.
Liste des essentiels médicaux
· Médicaments personnels à prendre régulièrement, dans leur emballage d’origine
· Ordonnances des différents médicaments
Fièvre, douleurs, rhume
· Thermomètre médical · Antalgiques (paracétamol) · Spray/gouttes nasal(es) décongestionnant(es)
Troubles gastriques/intestinaux, nausée
·Électrolytes en poudre ou bouillon sans graisse · Antivomitifs contre les nausées ou le mal des transports
Traitement des plaies
· Désinfectant · Pansements (sparadrap, compresses stériles, bandage élastique) · Ciseaux · Pince
Insectes
· Spray insecticide · Gel anti-démangeaisons · Agent anti-allergique
Autre
· Crème solaire · Gel hydroalcoolique · Comprimés de désinfection de l’eau (en cas d’urgence)
Nom : Sybille Imhof
Formation : pharmacienne diplômée (Master of Science in Pharmaceutical Sciences), Master of Advanced Studies in International Health
Fonction chez FAIRMED : de 2017 à 2019 : responsable de programmes en République centrafricaine, puis responsable de programmes en Inde et de projets de coopération visant à favoriser l’intégration des personnes handicapées pour le compte de FAIRMED
Loisirs : lecture, ski, voyages, randonnées gourmande